12/07/2008
L'affaire Carouge (2ème épisode)
Voir le premier épisode dans la rubrique feuilleton, colonne de gauche.
Le reste était finalement dans l'ordre des choses, puisque le titre qui faisait la Une, concernait l'abdication du souverain britannique Edouard VIII, qui avait eu lieu la veille. Une photographie du souverain accompagnait l'article qui s'étalait sur trois colonnes.
Jean se demandait s'il n'était pas victime d'une plaisanterie. Il se rappela alors une émission de la télévision française de ses débuts, qu'il avait vue lors d'une soirée consacrée à l'audiovisuel de jadis, où l'on avait joué un bien mauvais tour à une jeune femme en transformant complètement le lieu de son travail. On l'avait ensuite filmée arrivant le matin, ne comprenant pas du tout ce qui lui arrivait, et cédant très vite à une légitime panique. La télévision du XXIème siècle avait-elle décidé de puiser dans les vieilles idées du siècle passé ? L'avait-on choisi pour être en quelque sorte la vedette d'un remake d'une émission datant d'au moins soixante ans, et qui s'appelait « la caméra invisible » ou quelque chose du même genre ? Si Jean ne s'étonnait pas que l'on ait pu reconstituer le décor d'un café des années 1930, par contre il se demandait par quels moyens techniques on avait pu créer de toute pièce en pleine canicule, une nuit d'hiver brumeuse et glaciale, au point de réussir à le faire claquer des dents.
La porte du bistrot s'ouvrit d'un coup, et entra un homme d'une soixantaine d'années, vêtu d'un chaud manteau et portant un chapeau. Il l'ôta aussitôt, découvrant un crâne presque entièrement chauve.
— Brrr ! quel froid de canard ! s'exclama-t-il.
Puis, en regardant Jean, il prit un air étonné et déclara :
— Eh bien, monsieur, je vois que vous n'êtes pas frileux. Vous êtes habillé comme en été. Et un été chaud, en plus ! Alors que nous sommes en plein mois de décembre, et que nous allons connaître sans aucun doute un hiver très rude.
Puis, comme tout à l'heure l'homme à la moustache en tablier de sapeur, il scruta Jean des pieds à la tête, étant tout particulièrement intéressé par ses chaussures.
Jean ne savait que répondre ; mais l'homme à la moustache en tablier de sapeur remonta à ce moment-là de ce qui devait être sa cave, lui évitant ainsi d'essayer de se justifier.
— Bon, le nouveau fût est percé, annonça-t-il.
Puis, voyant l'autre client, il s'exclama :
— Eh bien, monsieur Verschelde, vous voilà dehors par ce temps !
— Que voulez-vous, fit l'autre, ce n'est pas facile d'être veuf, je m'ennuie terriblement chez moi.
L'homme à la moustache en tablier de sapeur hocha la tête en disant :
— En tout cas, c'est gentil de venir nous rendre une petite visite.
Jean songea que c'était plutôt à lui qu'il fallait dire cela ; à lui qui arrivait de l'année 2015 pour passer un moment en 1936. Il se demandait quand les membres de l'émission dont il était la vedette involontaire allaient se décider à sortir, mettant ainsi fin à cette farce qui commençait quand même à le mettre très mal à l'aise. Mais rien ne se passait, et le dénommé Verschelde lança soudain :
— Servez-moi donc une Lemotte, patron, s'il vous plaît.
— Je sers d'abord, monsieur Carouge, fit l'homme à la moustache en tablier de sapeur, et je suis à vous, monsieurVerschelde.
Il s'exécuta, tirant le demi de Lemotte de Jean, puis aussitôt après celui de M. Verschelde.
Celui-ci, dit alors à l’homme qui était à coup sûr le patron :
— Vous avez vu ce qui s'est passé en Angleterre ?
Le patron haussa les épaules pour dire :
— Oh, vous savez bien, monsieur Verschelde, que je ne m'occupe pas de politique. C'est un principe que j'ai, et que devrait d'ailleurs avoir tout commerçant. S'occuper de politique quand on tient un commerce, c'est le meilleur moyen de perdre de la clientèle, puisqu'on n'a pas tous les mêmes idées.
M. Verschelde hocha la tête.
— Peut-être, fit-il, mais en tout cas, cette abdication d'Edouard VIII risque de porter un coup fatal à la monarchie britannique ! D'ici que la Grande-Bretagne devienne une république et tombe aussi bas que nous...
Puis se tournant manifestement vers Jean, Verschelde s'emporta :
— Avez-vous vu, monsieur, vers quelle décadence Léon Blum et son Front populaire entraînent la France ? Des congés payés, la semaine de 40 h ! De quoi déconsidérer le travail, et faire perdre à notre peuple le goût de l'effort. Et pendant ce temps, le chancelier Hitler, là-bas, dans cette Allemagne qu'il redresse d'une main de fer, attend le moment propice pour régler ses comptes ! Car il les réglera ses comptes, croyez-moi !
M. Verschelde avait le visage tout rond, et ses yeux qui venaient de s'enflammer tandis qu'il laissait libre cours à ses états d'âme politiques, donnaient à ce visage un aspect comique. Mais l'homme se voulait résolument sérieux, et continua :
— Celui qui a raison, c'est Charles Mauras ! Il faut une restauration monarchique ! Que la France redevienne une nation courageuse, pleine d'abnégation, et que le peuple soit prêt à tous les sacrifices, pour sa patrie, et pour son roi. Et bien sûr, il faut réhabiliter le travail, en supprimant les congés payés qui n'auraient jamais dû être inventés, et en demandant à chacun de faire don de cinquante petites heures de travail par semaine au minimum, afin que notre belle nation ne disparaisse pas corps et âme ! Vous n'êtes pas de mon avis, monsieur Ca...
— Carouge, précisa Jean.
— Oui, monsieur Carouge, vous n'êtes pas de mon avis ?
Jean ne pensait plus maintenant à une émission de télévision. Il doutait que les producteurs soient dotés d'une telle imagination. Alors, que se passait-il vraiment ? Était-il réellement passé du 8 août 2015 au 12 décembre 1936 ? Avait-il remonté le temps de 79 ans ?!
— Laissez donc monsieur Carouge tranquille avec toutes ces histoires, monsieur Verschelde, dit soudain le patron du bistrot, soulageant ainsi fortement Jean.
L'autre prit un air contrarié, mais n'insista pas, et trempa ses lèvres dans son verre de Lemotte.
Jean fit de même, et songea à ce moment-là qu'il allait devoir payer sa consommation. Il avait un billet de 10 €uros en poche. Comment allait réagir le patron du bistrot quand il le sortirait ? Peut-être passerait-il outre ? Et dans ce cas Jean pourrait de nouveau songer à la fameuse émission de télévision à laquelle il avait tout d'abord pensé.
Mais le problème se trouva réglé d'un coup quand le patron déclara :
— J'ajoute la Lemotte de ce soir à votre compte, monsieur Carouge.
Puis se tournant vers le monarchiste :
— Je l'ajoute au vôtre aussi, monsieurVerschelde.
L'intéressé acquiesça de la tête, et Jean vit le patron sortir d'un tiroir un petit carnet dans lequel il commença à griffonner.
Décidément, les choses devenaient de plus en plus étonnantes. Voilà que maintenant, il possédait un compte dans ce bistrot qui semblait surgi du passé, tel un vaisseau fantôme.
Jean se dépêcha de vider sa Lemotte, dont le goût n'était d'ailleurs pas désagréable pour une marque de bière qui lui était totalement inconnue, tandis que M. Verschelde s'était accaparé de l'Echo Lillois, et qu'il se laissait de nouveau aller à de nombreux commentaires à propos de l'abdication du roi Edouard VIII, le 11 décembre 1936.
Jean reposa son verre sur le comptoir, puis après avoir salué le patron, M. Verschelde et la vieille femme qui l'ignora complètement, il sortit.
Une fois dehors, il se remit à grelotter. Il y avait toujours autant de brouillard, que de pâles lampadaires atténuaient par endroits.
Il aurait pu tenter de rentrer chez lui, mais toujours attiré par une force mystérieuse, il continua. Il remonta la rue Saint-André, puis marchant toujours dans cette nuit glaciale de décembre, il arriva à la place du Théâtre. La carcasse sombre du théâtre municipal s'insinuait dans un magma brumeux, et les lumières filtrées des lampadaires environnants, donnaient à l'endroit un aspect sinistre.
Jean s'immobilisa d'un coup quand il vit surgir du coton glacial de la brume, une sorte de véhicule fortement éclairé. Il réalisa très vite qu'il s'agissait en fait d'un tramway, transportant quelques personnes qui devaient être pressées de rentrer se mettre au chaud. Il continua comme si de rien n'était son chemin, persuadé maintenant qu'il n'était pas dans une émission de télévision. Il n'en ressentait que plus d'inquiétude, craignant au plus haut point, d'être plongé dans une réalité qui n'appartenait plus qu'à lui ; celle que son cerveau perturbé avait tissé à son insu.
Il arriva ainsi à la place Rihour. Le brouillard l'empêchait de s'assurer que l'arc de triomphe se trouvait bien à son emplacement. Mais celui-ci avait dû être érigé après la Seconde Guerre mondiale ; il aurait donc été étonnant qu'il fût visible en 1936. Jean passa donc outre cela, et se dirigea vers un immeuble qu'il connaissait bien.
Il s'arrêta bientôt devant, et ne put que constater qu'il n'avait pas l'aspect qui était le sien en 2015, le local d'un cybercafé occupant le rez-de-chaussée à cette époque-là. Cela lui parut somme toute normal ; il commençait à accepter ce qui lui arrivait. Il poussa la porte d'entrée de l'immeuble dont la façade sombre était comme enrobée de brume, et se retrouva dans un couloir totalement obscur. À tâtons, il chercha un commutateur qui lui permettrait d'éclairer les lieux. Il y parvint au bout d'un instant, faisant jaillir dans ce qui était une entrée aux murs décrépis et empestant le moisi, une lumière pisseuse. Il monta tout doucement les marches d'un escalier qui craquèrent sinistrement sous ses pas, et arriva ainsi au second étage, où il s'arrêta devant une porte sur laquelle avait été scellée une plaque indiquant :
Jean se demandait s'il n'était pas victime d'une plaisanterie. Il se rappela alors une émission de la télévision française de ses débuts, qu'il avait vue lors d'une soirée consacrée à l'audiovisuel de jadis, où l'on avait joué un bien mauvais tour à une jeune femme en transformant complètement le lieu de son travail. On l'avait ensuite filmée arrivant le matin, ne comprenant pas du tout ce qui lui arrivait, et cédant très vite à une légitime panique. La télévision du XXIème siècle avait-elle décidé de puiser dans les vieilles idées du siècle passé ? L'avait-on choisi pour être en quelque sorte la vedette d'un remake d'une émission datant d'au moins soixante ans, et qui s'appelait « la caméra invisible » ou quelque chose du même genre ? Si Jean ne s'étonnait pas que l'on ait pu reconstituer le décor d'un café des années 1930, par contre il se demandait par quels moyens techniques on avait pu créer de toute pièce en pleine canicule, une nuit d'hiver brumeuse et glaciale, au point de réussir à le faire claquer des dents.
La porte du bistrot s'ouvrit d'un coup, et entra un homme d'une soixantaine d'années, vêtu d'un chaud manteau et portant un chapeau. Il l'ôta aussitôt, découvrant un crâne presque entièrement chauve.
— Brrr ! quel froid de canard ! s'exclama-t-il.
Puis, en regardant Jean, il prit un air étonné et déclara :
— Eh bien, monsieur, je vois que vous n'êtes pas frileux. Vous êtes habillé comme en été. Et un été chaud, en plus ! Alors que nous sommes en plein mois de décembre, et que nous allons connaître sans aucun doute un hiver très rude.
Puis, comme tout à l'heure l'homme à la moustache en tablier de sapeur, il scruta Jean des pieds à la tête, étant tout particulièrement intéressé par ses chaussures.
Jean ne savait que répondre ; mais l'homme à la moustache en tablier de sapeur remonta à ce moment-là de ce qui devait être sa cave, lui évitant ainsi d'essayer de se justifier.
— Bon, le nouveau fût est percé, annonça-t-il.
Puis, voyant l'autre client, il s'exclama :
— Eh bien, monsieur Verschelde, vous voilà dehors par ce temps !
— Que voulez-vous, fit l'autre, ce n'est pas facile d'être veuf, je m'ennuie terriblement chez moi.
L'homme à la moustache en tablier de sapeur hocha la tête en disant :
— En tout cas, c'est gentil de venir nous rendre une petite visite.
Jean songea que c'était plutôt à lui qu'il fallait dire cela ; à lui qui arrivait de l'année 2015 pour passer un moment en 1936. Il se demandait quand les membres de l'émission dont il était la vedette involontaire allaient se décider à sortir, mettant ainsi fin à cette farce qui commençait quand même à le mettre très mal à l'aise. Mais rien ne se passait, et le dénommé Verschelde lança soudain :
— Servez-moi donc une Lemotte, patron, s'il vous plaît.
— Je sers d'abord, monsieur Carouge, fit l'homme à la moustache en tablier de sapeur, et je suis à vous, monsieurVerschelde.
Il s'exécuta, tirant le demi de Lemotte de Jean, puis aussitôt après celui de M. Verschelde.
Celui-ci, dit alors à l’homme qui était à coup sûr le patron :
— Vous avez vu ce qui s'est passé en Angleterre ?
Le patron haussa les épaules pour dire :
— Oh, vous savez bien, monsieur Verschelde, que je ne m'occupe pas de politique. C'est un principe que j'ai, et que devrait d'ailleurs avoir tout commerçant. S'occuper de politique quand on tient un commerce, c'est le meilleur moyen de perdre de la clientèle, puisqu'on n'a pas tous les mêmes idées.
M. Verschelde hocha la tête.
— Peut-être, fit-il, mais en tout cas, cette abdication d'Edouard VIII risque de porter un coup fatal à la monarchie britannique ! D'ici que la Grande-Bretagne devienne une république et tombe aussi bas que nous...
Puis se tournant manifestement vers Jean, Verschelde s'emporta :
— Avez-vous vu, monsieur, vers quelle décadence Léon Blum et son Front populaire entraînent la France ? Des congés payés, la semaine de 40 h ! De quoi déconsidérer le travail, et faire perdre à notre peuple le goût de l'effort. Et pendant ce temps, le chancelier Hitler, là-bas, dans cette Allemagne qu'il redresse d'une main de fer, attend le moment propice pour régler ses comptes ! Car il les réglera ses comptes, croyez-moi !
M. Verschelde avait le visage tout rond, et ses yeux qui venaient de s'enflammer tandis qu'il laissait libre cours à ses états d'âme politiques, donnaient à ce visage un aspect comique. Mais l'homme se voulait résolument sérieux, et continua :
— Celui qui a raison, c'est Charles Mauras ! Il faut une restauration monarchique ! Que la France redevienne une nation courageuse, pleine d'abnégation, et que le peuple soit prêt à tous les sacrifices, pour sa patrie, et pour son roi. Et bien sûr, il faut réhabiliter le travail, en supprimant les congés payés qui n'auraient jamais dû être inventés, et en demandant à chacun de faire don de cinquante petites heures de travail par semaine au minimum, afin que notre belle nation ne disparaisse pas corps et âme ! Vous n'êtes pas de mon avis, monsieur Ca...
— Carouge, précisa Jean.
— Oui, monsieur Carouge, vous n'êtes pas de mon avis ?
Jean ne pensait plus maintenant à une émission de télévision. Il doutait que les producteurs soient dotés d'une telle imagination. Alors, que se passait-il vraiment ? Était-il réellement passé du 8 août 2015 au 12 décembre 1936 ? Avait-il remonté le temps de 79 ans ?!
— Laissez donc monsieur Carouge tranquille avec toutes ces histoires, monsieur Verschelde, dit soudain le patron du bistrot, soulageant ainsi fortement Jean.
L'autre prit un air contrarié, mais n'insista pas, et trempa ses lèvres dans son verre de Lemotte.
Jean fit de même, et songea à ce moment-là qu'il allait devoir payer sa consommation. Il avait un billet de 10 €uros en poche. Comment allait réagir le patron du bistrot quand il le sortirait ? Peut-être passerait-il outre ? Et dans ce cas Jean pourrait de nouveau songer à la fameuse émission de télévision à laquelle il avait tout d'abord pensé.
Mais le problème se trouva réglé d'un coup quand le patron déclara :
— J'ajoute la Lemotte de ce soir à votre compte, monsieur Carouge.
Puis se tournant vers le monarchiste :
— Je l'ajoute au vôtre aussi, monsieurVerschelde.
L'intéressé acquiesça de la tête, et Jean vit le patron sortir d'un tiroir un petit carnet dans lequel il commença à griffonner.
Décidément, les choses devenaient de plus en plus étonnantes. Voilà que maintenant, il possédait un compte dans ce bistrot qui semblait surgi du passé, tel un vaisseau fantôme.
Jean se dépêcha de vider sa Lemotte, dont le goût n'était d'ailleurs pas désagréable pour une marque de bière qui lui était totalement inconnue, tandis que M. Verschelde s'était accaparé de l'Echo Lillois, et qu'il se laissait de nouveau aller à de nombreux commentaires à propos de l'abdication du roi Edouard VIII, le 11 décembre 1936.
Jean reposa son verre sur le comptoir, puis après avoir salué le patron, M. Verschelde et la vieille femme qui l'ignora complètement, il sortit.
Une fois dehors, il se remit à grelotter. Il y avait toujours autant de brouillard, que de pâles lampadaires atténuaient par endroits.
Il aurait pu tenter de rentrer chez lui, mais toujours attiré par une force mystérieuse, il continua. Il remonta la rue Saint-André, puis marchant toujours dans cette nuit glaciale de décembre, il arriva à la place du Théâtre. La carcasse sombre du théâtre municipal s'insinuait dans un magma brumeux, et les lumières filtrées des lampadaires environnants, donnaient à l'endroit un aspect sinistre.
Jean s'immobilisa d'un coup quand il vit surgir du coton glacial de la brume, une sorte de véhicule fortement éclairé. Il réalisa très vite qu'il s'agissait en fait d'un tramway, transportant quelques personnes qui devaient être pressées de rentrer se mettre au chaud. Il continua comme si de rien n'était son chemin, persuadé maintenant qu'il n'était pas dans une émission de télévision. Il n'en ressentait que plus d'inquiétude, craignant au plus haut point, d'être plongé dans une réalité qui n'appartenait plus qu'à lui ; celle que son cerveau perturbé avait tissé à son insu.
Il arriva ainsi à la place Rihour. Le brouillard l'empêchait de s'assurer que l'arc de triomphe se trouvait bien à son emplacement. Mais celui-ci avait dû être érigé après la Seconde Guerre mondiale ; il aurait donc été étonnant qu'il fût visible en 1936. Jean passa donc outre cela, et se dirigea vers un immeuble qu'il connaissait bien.
Il s'arrêta bientôt devant, et ne put que constater qu'il n'avait pas l'aspect qui était le sien en 2015, le local d'un cybercafé occupant le rez-de-chaussée à cette époque-là. Cela lui parut somme toute normal ; il commençait à accepter ce qui lui arrivait. Il poussa la porte d'entrée de l'immeuble dont la façade sombre était comme enrobée de brume, et se retrouva dans un couloir totalement obscur. À tâtons, il chercha un commutateur qui lui permettrait d'éclairer les lieux. Il y parvint au bout d'un instant, faisant jaillir dans ce qui était une entrée aux murs décrépis et empestant le moisi, une lumière pisseuse. Il monta tout doucement les marches d'un escalier qui craquèrent sinistrement sous ses pas, et arriva ainsi au second étage, où il s'arrêta devant une porte sur laquelle avait été scellée une plaque indiquant :
Société Charles Falke - Jean Carouge
Import-Export
(la suite samedi prochain)
http://vastinblack.blogspot.com/
06:08 Publié dans Feuilletons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook
Les commentaires sont fermés.