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16/09/2009

SIMURGH LE 20

jE ME SUIS TROMP2 L4AUTRE JOUR? C4EST LE 20 QUE LE NOUVEAU simurgh SERA MIS EN LIGNE ET NON PAS AUJOURD4HUI;

dONC 0 DIMANCHE? POUR LIRE LE DERNIER 2PISODE DE 3k COMME kATIA3

Tiens, ça fait marrant, en oubliant d'enlever le verrouillage majuscule, on obtient presque de l'alphabet cyrillique (enfin quelque chose d'approchant).

Alors traduction maintenant de ce qui est écrit plus haut :

Je me suis trompé l'autre jour. C'est le 20 que le nouveau SIMURGH sera mis en ligne et non pas aujourd'hui.

Donc à dimanche pour le dernier épisode de "K comme Katia".

09/09/2009

Dernier épisode de "K comme Katia"

C'est pour mercredi prochain, avec la parution du SIMURGH nouveau. Que va-t-il arriver à notre héros après les frayeurs qu'il a connues en Tchécoslovaquie et en Afrique du Sud ?

En attendant, relisez les deux premiers épisodes, et même les deux premiers SIMURGH en entier.

http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre22453.html

http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre22578.html

 

28/02/2009

Le spationaute (dernier épisode)

Épisodes précédents dans la rubrique "Feuilletons", colonne de gauche

 

***

 

J'avais roulé toute la journée avec ma bicyclette. Je suis arrivé en début de soirée dans une station balnéaire. Par une petite route, j'ai gagné un endroit à la fois étrange et très prenant. C'était à l'extrémité nord de la plage. Il y avait un bâtiment en ruine dans les dunes, entouré de blockhaus également très endommagés. Il n'y avait plus personne sur la plage ; il faut dire qu'il était déjà près de 21 h. Je me suis installé avec ma bicyclette en haut d'une dune, et j'ai pique-niqué. Ensuite, je suis resté à contempler le coucher de soleil. C'était à la fois poétique et magique. Je suis resté ainsi, contemplatif, presque méditatif, pendant au moins deux heures. Puis, je me suis glissé dans mon sac de couchage, et me suis très vite endormi.

Je ne sais pas combien de temps exactement j'ai dormi d'un sommeil paisible ; mais j'ai été réveillé par un léger sifflement. J'ai ouvert les yeux, et à ma grande surprise, je me suis aperçu qu'on y voyait comme en plein jour. Mais ce qui m'a le plus surpris encore, ce fut de découvrir une sorte de disque qui arrivait de la mer ; un disque lumineux qui était la cause de cette incroyable clarté qui régnait alors alentour. Le disque s'est approché des dunes, et il m'est apparut immense, énorme. Il s'est immobilisé au dessus de la plage, puis j'ai pu distinguer une échelle qui sortait du dessous du disque pour atteindre le sable. Bientôt, j'ai vu des individus descendre par cette échelle. Ils était quatre, et commencèrent à s'affairer au pied de la dune en haut de laquelle j'étais perché, observant médusé ce qui se passait depuis mon sac de couchage. J'ai vu alors trois des quatre individus qui étaient descendus du disque lumineux, y remonter par l'échelle. Puis, il y eut un bruit très strident, et le mystérieux disque a repris la direction de la mer.

Mais il laissait derrière lui une longue et large traînée lumineuse qui permettait encore de voir pratiquement comme en plein jour. Ce fut ce qui me permit de découvrir une forme humaine allongée au pieds de la dune. Je suis prestement sorti de mon sac de couchage, et J'ai descendu la dune. J'ai rejoint en quelques secondes ce qui était un individu vêtu d'une étrange combinaison de couleur grise, le visage dissimulé par un casque dont la visière était baissée.

Dès que je fus près de lui, l'individu s'est redressé, puis s'est assis, et a aussitôt enlevé son casque. Je m'attendais à découvrir quelque chose d'incroyable, mais ce ne fut guère le cas. L'homme avait les cheveux coupés très courts, et son nez était aplati comme peuvent l'être ceux des boxeurs. C'était assurément un Terrien, qui me regardait avec un peu de crainte dans les yeux.

Je me suis efforcé aussitôt de le rassurer, et comme j'étais en France, ce fut dans la langue de ce pays que je me suis exprimé.

— Ne craignez rien, lui ai-je dit, je ne vous veux aucun mal.

L'homme a alors hoché la tête ; il m'avait compris.

— D'où venez-vous ainsi ? ai-je poursuivi.

L'homme a eu l'air troublé.

— De loin, de très loin, a-t-il répondu.

— D'une autre planète ? ai-je insisté.

L'homme a secoué la tête, et a bredouillé :

— Je... je ne sais pas, je ne sais plus. Enfin, plus très bien.. je dois oublier tout... je...

— Mais comment êtes-vous parti de la terre ? ai-je encore insisté.

L'homme a porté la main à son front.

— Avec la fusée... oui, la fusée des Allemands, a-t-il dit en hésitant.

J'ai continué :

— Mais quand êtes-vous parti ?

L'homme avait l'air épuisé, mais il a fait un effort pour répondre :

— En... en 1943.

Je n'en revenais pas.

— Mais que s'est-il passé après votre départ ? me suis-je presque écrié.

L'homme a secoué la tête pour déclarer :

— J'ai été sauvé... par... par… mais je ne sais plus, je ne me souviens plus.

J'ai alors tenté :

— Vous avez été envoyé dans l'espace, puis vous vous êtes retrouvé en difficulté, et des extraterrestres sont venus à votre secours, c'est cela ?

— Des extraterrestres ? s'est étonné l'homme.

Il m'a regardé alors, l'air complètement perdu, puis a recommencé :

— Je... je ne sais plus. Je... je dois tout oublier... oublier.

Une chose qui m'étonnait le plus, c'était que cet homme paraissait une quarantaine d'années. Or, il devait bien en avoir une vingtaine quand on l'avait envoyé dans l'espace, et donc être âgé d'au moins 80 ans maintenant.

— Mais combien de temps êtes vous resté parti ? ai-je hasardé.

Il a semblé faire un effort surhumain pour réponde :

— 60 jours.

— 60 jours ! me suis-je exclamé. Mais soixante ans ont passé depuis 1943. Nous sommes en 2003.

L'homme a presque réussi à sourire pour m'annoncer :

— Là où j'étais, une année terrestre dure un jour seulement.

— Vous n'avez donc vieilli que de 60 jours depuis votre départ, ai-je conclu.

L'homme a doucement hoché la tête.

C'était évident vu son aspect. Il avait donc déjà une quarantaine d'années en 1943.

Il fallait que j'en sache plus encore. J'ai donc repris :

— Mais où vous étiez, c'était une planète, c'est cela ?

L'homme n'a alors pu que dire :

— Oublier... je dois oublier. Très fatigué, je suis très fatigué. Je suis parti le 8 juillet 1943 dans la fusée, puis... je suis revenu, aujourd'hui.

— Et entre les deux ? ai-je tenté.

Comme je le craignais, il a répondu :

— Oublié... tout oublié maintenant.

Puis, il s'est allongé sur le sable et a sombré dans un sommeil profond.

J'ai regardé vers la mer ; le disque disparaissait à l'horizon. En même temps la nuit revenait, et bientôt on ne fut plus éclairé que par la pleine lune et les étoiles qui étaient très nombreuses.

Je me suis senti soudain très fatigué. J'aurais pu m'allonger près du rescapé de l'espace, et ainsi veiller sur lui ; mais il semblait dormir très paisiblement maintenant, et n'avoir besoin de personne.

Alors, très péniblement, j'ai remonté la dune, et regagné mon sac de couchage. Une fois dedans, il ne m'a pas fallu plus de deux secondes pour sombrer à mon tour dans un sommeil profond.

Quand j'ai rouvert les yeux, il faisait jour, et un chaud soleil brillait haut dans le ciel.

Ce que j'avais vécu dans la nuit, m'est revenu aussitôt à l'esprit. Mais dans l'état de demi-sommeil où je me trouvais encore, j'étais persuadé que j'avais rêvé. Ce n'était pas possible, tout ce que j'avais cru voir : le disque lumineux, et le mystérieux spationaute, tout cela n'avait pu réellement exister.

Comme j'ai très vite eu l'impression qu'il y avait du monde sur le plage, je suis sorti de mon sac de couchage ; et, à quatre pattes, j'ai regardé en bas de la dune.

J'ai eu un choc quand j'ai découvert un homme vêtu de gris allongé au pied de la dune, et plusieurs personnes entièrement nues qui le fixaient.

J'étais à la fois amusé de m'être aventuré sans le savoir sur une plage naturiste, et abasourdi de devoir me rendre à l'évidence que la nuit dernière, j'avais bien assisté au débarquement d'extraterrestres, ramenant sur la terre un malheureux spationaute qu'ils avaient secouru, et gardé deux mois équivalant à 60 années terrestres sur leur planète.

Tout cela dépassait l'imagination, et une chose me chamboulait tout particulièrement : les Allemands avaient envoyé dans l'espace un homme en juillet 1943 ! Cela remettait toute l'histoire de la conquête spatiale telle qu'on la connaissait en question : l'envoi dans le cosmos de Spoutnick I en 1957, de Gagarine en 1961, qui de ce fait ne serait plus le premier homme a avoir voyagé dans l'espace, la place revenant à ce spationaute sans aucun doute involontaire. Mais ce vol ne pouvait apparaître comme un succès véritable ; la fusée n'étant jamais revenue sur la terre, et son passager 60 ans après dans des conditions bien particulières.

Je fus tiré d'un coup de mes réflexions, quand j'ai vu l'homme se lever, et regarder autour de lui. Manifestement, il semblait étonné, et les naturistes qui l'observaient tout autant. Il a paru hésiter un instant, puis après avoir récupéré son casque, s'est mis en route vers le sud de la plage.

Les naturistes parlaient entre eux ; mais d'après leur attitude, ils devaient tout simplement estimer que l'homme n'était pas souffrant comme il l'avait sans doute cru. Ou même, qu'il ne risquait plus maintenant d'attraper une insolation en restant allongé sous le soleil qui cognait de plus en plus fort. Ils sont très vite retournés à leurs occupations de plagistes, tandis que le spationaute marchait tranquillement sur le plage, et commençait à s'éloigner.

J'ai continué de le suivre des yeux, en songeant au destin incroyable de cet homme qui était un miraculé, ayant vécu sur une planète dont personne ne soupçonnait l'existence, et qui à cette heure avait sans doute tout oublié. Comme il l'avait laissé entendre cette nuit, il ne pouvait se souvenir que de son départ pour l'espace le 8 juillet 1943. Cet homme allait vivre avec un trou de soixante années dans sa vie. Mais pire, comment allait-il se débrouiller maintenant, étant complètement décalé, et de surcroît porté disparu depuis 1943 ? Après avoir été un naufragé de l'espace, il allait être un naufragé du temps, reprenant sa vie là où il l'avait laissée, quand il était âgé d'une quarantaine d'années, alors qu'il était un centenaire potentiel. Songer à toutes les difficultés qu'il ne pouvait que rencontrer, donnait le vertige.

Je l'ai alors encore regardé s'éloigner, avec mille pensées dans la tête.

 

***

 

 

C'est ainsi que John Wesling a terminé sa nouvelle, laissant ses éventuels lecteurs imaginer seuls ce que pourrait être l'avenir de son spationaute de "fiction".

***

En tout cas, voilà ce qu'il advint d'Émile Rivet. Comme on l'a déjà mentionné, il fut embauché dans l'entreprise de déménagement qui était géré par le petit-fils de son employeur de 1943. Au préalable, le maire de Belvédunes lui avait octroyé un logement communal. Ce fut avec plaisir qu'il se rendit chaque jour au travail, même si le temps passant, il avait de plus en plus de peine à manipuler des armoires ou autres meubles encombrants. Il faut dire que petit à petit, ses cheveux blanchissaient et son visage se ridait toujours plus, signe d'un vieillissement progressif. Son employeur et ses collègues de travail en vinrent à s'inquiéter. Mais Émile s'efforçait toujours de faire preuve d'un bel entrain, et en tout cas d'un inaltérable enthousiasme. Pourtant, au matin du 7 août, tout cela cessa, car l'intéressé fut terrassé par un terrible lumbago, alors qu'il portait une table d'un poids relativement raisonnable pour un déménageur professionnel.

Il fut transporté d'urgence à l'hôpital, où le médecin qui le reçut, fut étonné, en voyant cet homme au visage raviné par les années, au crâne presque entièrement dégarni, et aux membres déformés par les rhumatismes, d'apprendre qu'il exerçait encore à son âge déjà bien avancé, le métier de déménageur. En effet, les examens pratiqués dans les jours qui suivirent, confirmèrent que l'organisme d'Émile était bien désormais celui d'un vieillard de 74 ans.

Il avait donc vieilli de 30 ans en 30 jours. Alerté, le maire le fit admettre aussitôt dans une maison de retraite de la ville. La période de canicule qui a marqué le mois d'août 2003, commençait alors. Très vite, tout le monde : opinion publique, médias, hommes politiques furent accaparés par ce véritable cataclysme qui s'était abattu sur le pays, avec en premier lieu de nombreux décès parmi les personnes âgées. À Belvédunes, la brise marine qui fut omniprésente durant cette période, contribua à ce que l'on ne connût pas de situation catastrophique comme dans d'autres villes. Il n'y eut en tout et pour tout que cinq décès durant le mois d'août dans la commune, qui n'eurent rien à voir avec le phénomène de la canicule nationale.

Si bien qu'Émile Rivet qui continuait de vieillir tranquillement, mourut de sa belle mort le 6 septembre dans la soirée, soit très exactement 60 jours après son retour à Belvédunes. On s'abstint de pratiquer la moindre autopsie à la suite de son décès, car manifestement, cet homme qui était né le 15 mars 1899, avait tout à fait l'aspect d'un vieillard de 104 ans quand il avait rendu l'âme.

Il fut enterré trois jours plus tard, et sur sa tombe financée par la commune de Belvédunes, ce fut bien le 6 septembre 2003 qui y figura comme date de décès, faisant ainsi de lui un homme qui était mort à deux périodes différentes. En effet, une délibération du conseil municipal avait entériné le fait que l'on ne changerait pas l'inscription au monument aux morts.

Tout cela était bien sûr passé inaperçu ; ce que l'on avait appelé "le drame de la canicule", continuant toujours a d'accaparer les médias à l'automne 2003.

 

Lorsqu'Émile Rivet était mort, il y avait une infirmière de la maison de retraite à ses côtés. Plus tard, elle devait rapporter à des proches, qu'il avait quitté notre monde avec une très grande sérénité, laissant penser que cet homme avait réellement eu une vie très longue et d'une richesse exceptionnelle.

 

Ce que l'on pourrait encore ajouter, c'est qu'au cours de la nuit qui suivit le décès d'Émile, des personnes qui traînaient dans les environs de la plage de Belvédunes, auraient vu — ou cru voir—, une étrange clarté provenant de la mer.

 

FIN

Patrick S. VAST - Août 2005

26/02/2009

Dernier épisode du "Spationaute"

C'est pour ce samedi 28 février. Le der des der. Enfin, en ce qui concerne ce texte.

Qu'est-il arrivé à notre héros (pour employer la formule consacrée des feuilletons d'antan") ?

Réponse ici même, samedi à 6 h du matin.

Faites sonner votre réveil !!! 

21/02/2009

Le spationaute (7ème épisode)

Épisodes précédents dans la rubrique "Feuilletons", colonne de gauche

— Incroyable ! commença le général d'armée de terre, alors, ainsi, les Allemands auraient envoyé un homme dans l'espace 18 ans avant Gagarine !

 — Il faut le croire, soupira le général d'aviation, en tout cas, on n'a pas retrouvé la fusée.

— Oui, reprit le général d'armée de terre, mais d'après les renseignements collectés, il y aurait bien eu une fusée qui aurait été lancée à Belvédunes le 8 juillet 1943 au matin.

— Oui, repartit le général d'aviation, et apparemment ce n'était ni une V1 ou une V2.

— Mais alors, intervint l'homme à la fine moustache, les Allemands étaient donc arrivés à un développement technologique aussi important en matière de fusée ?

— C'est fort probable, répondit l'homme des services secrets. N'oublions pas que dans les années 60, les Américains avaient pris pas mal de retard par rapport aux Soviétiques. Or, ce retard a été vite comblé. Et même, le premier pas d'un Américain sur la lune prévu à l'origine pour l'année 2000, a eu lieu en fait en juillet 1969, grâce à Werner Von Braun, père des V1 et des V2, que les Américains avaient pris soin de récupérer à la fin de la guerre.

— Vous voulez dire, reprit le général d'aviation, que Von Braun possédait, dirons-nous, une sorte de botte secrète, dont l'origine serait peut-être l'envoi d'Émile Rivet dans l'espace le 8 juillet 1943 ?

— Qui sait ? fit l'homme des services secrets.

— En tout cas, repartit le général d'armée de terre, c'est quand même étonnant que les Allemands aient choisi Belvédunes pour faire leur expérience. Ils n'étaient situés qu'à une petite quarantaine de kilomètres de l'Angleterre, et la RAF aurait très bien pu bombarder leurs installations, voire leur précieuse fusée.

— Oui, mais ça se comprend, intervint l'amiral. N'oublions que les expériences spatiales de Von Braun ont été, paraît-il, effectuées en cachette des dignitaire du IIIème Reich. Hitler lui-même, n'aurait été au courant de rien. Alors, on peut imaginer qu'à l'origine, cette usine de Belvédunes devait servir de base aux lancements des premier V1 construits dans des endroits mieux protégés, probablement souterrains. Sa situation géographique, justement très proche de l'Angleterre, devant leur permettre de frapper durement ce pays. Von Braun ou l'un de ses collaborateurs, a peut-être profité des installations pour, dès 1943, expérimenter un programme spatial.

— Hum, fit le général d'armée de terre, ça me paraît quand même étonnant.

— Oui, mais, reprit l'amiral, d'après les renseignements recueillis, le 8 juillet 1943 au matin, il y avait un tas de navires de guerre allemands qui croisaient en Manche. À mon avis, cela aurait pu suffire pour stopper une incursion des avions de la RAF. Et d'une manière générale, la DCA était très active dans ce secteur.

— En tout cas, intervint l'homme des services secrets, d'après Émile Rivet, l'homme qu'il a rencontré, cet individu portant monocle, n'était pas Werner Von Braun. Ce n'est pas à cela qu'il ressemblait.

— Non, fit d'un ton moqueur l'homme à la fine moustache, celui-ci ressemblerait plutôt à un personnage de film des années trente ; une sorte d'Erich Von Stroheim tel qu‘il apparaît dans « La grande illusion », vous ne trouvez pas ?

— Peut-être, fit l'homme des services secrets, mais on ne peut pas mettre en doute la parole d'Émile Rivet. Il lui est bien arrivé quelque chose d'extraordinaire. Il n'a pas pu en tout cas se cacher durant 60 longues années et réapparaître avec l’aspect qu'il avait en juillet 1943 !

— Non, soupira l'homme à la fine moustache ; et c'est bien pour cela qu'après tout, l'important dans cette affaire, n'est pas tellement de savoir si oui ou non les Allemands ont été capables d'envoyer un homme dans l'espace en 1943 ; mais plutôt de parvenir à comprendre comment leur spationaute nous retombe dessus en 2003 sans sa fusée, avec la même tête qu'il y a 60 ans ; mais avec une autre combinaison spatiale ; et pour finir, persuadé que le 8 juillet 1943, c'était il y a seulement quelques jours !

— Au fait, demanda le général d'aviation, qu'ont donné les analyses de sa tenue, mais aussi ses examens médicaux ?

— Eh bien, soupira de plus belle l'homme à la fine moustache, tous les examens tendent à prouver que notre homme n'a toujours pas plus de 44 ans d'âge, et qu'il est en parfaite forme physique. Pour ce qui est du psychisme, c'est un peu moins brillant ; mais cela est bien évidemment la conséquence de ce qui lui arrive. N'importe qui serait un tant soit peu troublé en pareil cas.

Puis l'homme à la fine moustache s'interrompit quelques secondes avant de reprendre :

— Par contre, pour ce qui est de son équipement, c'est le trou total.

— C'est à dire ? s'enquit l'amiral.

L'homme à la fine moustache hésita encore, puis lâcha :

— Il semblerait que la matière ou même les matières le constituant, proviennent à la base de fibres, de roches, ou encore de produits de synthèse, totalement inconnus sur notre planète.

— Vous voulez dire, commença le général d'aviation avec un certain air moqueur, qu'Émile Rivet aurait...

— Je ne veux rien dire du tout ! le coupa sèchement l'homme à la fine moustache. En tout cas, il est bien certain que tout cela doit rester absolument secret. Il ne faut surtout pas ennuyer ni le président de la République, ni le Premier ministre avec ces histoires. La cellule de l'Elysée ainsi que celle de Matignon y veillent.

— Hum, fit l'amiral très dubitatif, il me semble que vous êtes plutôt optimiste.

— Optimiste ? s'étonna l'homme à la fine moustache.

— Oui, reprit l'amiral, comment voulez-vous garder secrète une pareille affaire ? Des gens vont parler, et les médias vont s'emparer de tout cela. Vous pensez bien, en été, une info de cette qualité, ils vont faire mousser au maximum.

— Ils ne feront rien mousser, car ils ne sauront rien, répliqua l'homme à la fine moustache.

— J'en doute, déclara le général d'aviation.

— Non, insista l'homme à la fine moustache. Émile Rivet va être prié de garder le silence, et il le fera, j'en suis sûr. Les deux policiers qui l'ont ramassé ont reçu des ordres de leur hiérarchie. Quant à son ancien voisin et les personnes qui occupent maintenant ce qui était sa maison, le maire de Belvédunes s'est chargé d'obtenir leur discrétion.

— À voir, fit l'homme des services de renseignement.

— Il l'obtiendra, s'obstina l'homme à la fine moustache.

— Mais, repartit le général d'armée de terre, il s'est paraît-il réveillé sur une plage où il y avait, je crois, pas mal de monde !

L'homme à la fine moustache fit un vague mouvement de la main, pour dire :

— Oh, c'était une plage naturiste. Les gens qui fréquentent ce genre d'endroit ne sont pas enclins à se mêler de ce qui ne les regarde pas. Seul les intéresse de pouvoir se prélasser nus au soleil. De plus, toujours d'après les renseignements recueillis, ils s'étaient juste un peu inquiétés en le découvrant, craignant qu'il n'ait eu un malaise.

— Mais il s'est promené... enfin, on l'a vu toute la journée dans Belvédunes, repartit l'amiral.

— Oui, mais ça n'a pas choqué quiconque, répliqua l'homme à la fine moustache. Après tout il n'avait jamais que l'aspect d'un banal motard avec sa combinaison et son casque. Même si comme je vous l'ai dit, tous deux n'ont pu être confectionnés sur la Terre.

— Bon, intervint le général d'aviation, si vraiment tout cela peut rester secret, c'est parfait... parfait pour tout le monde.

— Et que va devenir cet homme ? demanda d'un coup le général d'aviation.

— Émile Rivet ? fit l'homme à la fine moustache.

— Bien évidemment, répliqua le général d'aviation.

— Il voudrait retrouver son emploi de déménageur qu'il se sent parfaitement capable de reprendre, annonça l'homme des services secrets. Et le maire de Belvédunes s'est engagé à l'aider pour cela.

— Eh bien, qu'il redevienne un déménageur, conclut l'homme à la fine moustache. Et quant à nous, mettons un terme à cette réunion que nous oublierons, bien évidemment, sitôt sortis de cette pièce.

Tout le monde acquiesça de la tête, et l'homme à la fine moustache leva la séance.

 

***

"Qu'il redevienne un déménageur", avait déclaré l'homme à la fine moustache dont il n'est pas possible de divulguer l'identité. Et ce fut ce qu'Émile Rivet redevint. Le petit-fils de son employeur de 1943 qui avait repris l'entreprise familiale, cherchait justement à ce moment-là du personnel. À la demande du maire de Belvédunes, il l'embaucha, et Émile commença le travail deux jours seulement après que se fut tenue la mystérieuse réunion à Paris.

Nous étions donc à la mi-juillet, et les journaux locaux qui n'avaient pas eu vent de cette étrange affaire, n'en parlèrent absolument pas, se concentrant sur les diverses tournées d'été de cars-podium, transbahutant de plage en plage des starlettes d'émissions télévisuelles institutionnalisées, et sur les préparatifs de la fête des fleurs du mois d'août, l'un des temps forts de la saison estivale à Belvédunes.

De ce fait, on est amené à prendre en considération une nouvelle de science-fiction écrite par un certain John Wesling de Folkestone, et publiée trois mois après ces faits mystérieux dans une revue diffusée dans une petite partie du Comté du Kent.

Il s'agit a priori d'une œuvre de fiction dans le plus pur style des histoires d'anticipation des années 50/60, portant un titre absolument kitsch :  Des extraterrestres dans la dune. Comme on l'a déjà dit, "l'affaire Émile Rivet" n'a pas été divulguée par la presse, et encore moins la presse britannique ; ce qui fait que John Wesling n'a pas pu en avoir connaissance, pas plus d'ailleurs que quelqu’un d'autre. Par contre, on sait que l'intéressé a l'habitude de voyager l'été avec uniquement sa bicyclette, et qu'il s'est justement rendu dans le nord-ouest de la France en juillet 2003.

À partir de tout cela, il est fort tentant de trouver dans la nouvelle, Des extraterrestres dans la dune, une explication, ou tout au moins une partie non négligeable d'explication à "l'affaire Émile Rivet".

Voici la traduction de cette nouvelle, en plus écrite à la première personne, qui commence ainsi :

 

(dernier épisode samedi prochain)

14/02/2009

Le spationaute (6ème épisode)

Épisodes précédents, rubrique "Feuilletons", colonne de gauche

Émile se redressa brusquement, puis presque automatiquement se mit en position assise sur le banc.

Il faisait jour, le soleil commençait à chauffer, et en face de lui il y avait deux individus coiffés d'une casquette noire, qui le regardaient durement.

En un éclair, tout lui revint en mémoire, du moins ce qui s'était passé la veille, et également le 8 juillet 1943.

— Police ! s'exclama alors l'un des deux individus à casquette, un grand mince au visage anguleux. Vous avez vos papiers ?

— Heu... non, je ne les ai pas, avoua Émile qui se les étaient fait confisquer soixante ans plus tôt par les soldats allemands venus l'arrêter.

—Vous ne les avez pas ? fit le policier, c'est très embêtant ça. Et vous habitez où ?

— 3, rue des platanes, répliqua aussitôt Émile.

Le deuxième policier, un petit rondouillard qui comme son collègue était vêtu d'un pantalon noir et d'une chemisette bleu pâle, intervint :

— Alors comme ça, vous habitez cette ville, et vous venez passer la nuit sur un banc ! Car je vous signale qu'il n'est que 6 h du matin. Apparemment, vous avez bien dormi sur ce banc ?

— Heu... oui, fit Émile qui ne pouvait rien dire de plus.

Il n'était bien sûr pas question qu'il raconte son incroyable aventure ; du moins pas maintenant. Il verrait par la suite, selon la tournure que prendraient les événements.

Les deux policiers se regardèrent, puis, comme s'il leur suffisait de communiquer par la pensée, ils hochèrent en même temps la tête, et ce fut celui au visage anguleux qui annonça :

— Bon, on va vérifier cela, vous allez nous suivre.

— D'accord, fit Émile, très coopérant.

Il se leva du banc, et suivit les deux policiers jusqu'à une voiture blanche qui était garée juste à côté.

Il prit place à l'arrière, et la voiture démarra. Émile n'eut pas besoin de les guider, ils connaissaient forcément la ville. Par contre, ce fut lui qui ne reconnut pas son quartier, ni même la rue des platanes, ces derniers ayant par ailleurs disparu. La voiture de police s'arrêta devant une maison qu'il reconnut toutefois comme étant bien celle où il avait vécu 44 ans de sa vie. Il en fut de même pour celles de ses voisins de gauche et de droite. Mais, pour ce qui était de celle de son voisin d'en face qu'il avait soupçonné en... 1943, d'être celui qui l'avait dénoncé, elle n'existait plus. À la place, il y avait un petit immeuble de trois étages. Mais ce genre d’habitation semblait avoir cours dans cette rue, et avait remplacé plusieurs des maisons d'autrefois. En sortant de la voiture de police, Émile put s'apercevoir qu'il y en avait par ailleurs quatre qui occupaient l'ancien pré où avait atterri le parachutiste anglais soixante ans plus tôt, constituant ainsi une petite résidence.

Ce ne fut donc pas sans un pincement au coeur qu'Émile poussa la barrière de sa maison, et marcha sur les dalle qui traversaient le devant agrémenté de graviers rouges, et menait jusqu'à la porte dont la sonnette n'avait pas changé malgré toutes les années écoulées.

Il appuya sur cette sonnette sous l'œil intrigué des deux policiers, sans même penser à la suite des événements qui risquaient fort d'être rocambolesques. Pour l'instant, il était trop ému par ce retour chez lui, pour seulement réfléchir au fait qu'il ne pouvait plus être accueilli qu'en parfait étranger.

Ce fut en effet le cas quand la porte s'ouvrit, et qu'apparut en robe de chambre, une femme brune et bien en chair d'une cinquantaine d'années, qui ne devait pas être réveillée depuis longtemps.

Elle regarda Émile d'un air étonné, et demanda :

— C'est pourquoi, monsieur ?

Le policier au visage anguleux intervint aussitôt.

— Ce monsieur nous a déclaré qu'il habitait ici, dit-il à la femme qui écarquilla les yeux.

— Comment ? s'étonna-t-elle. Mais je ne le connais pas. Par contre, je peux vous certifier que mon mari et moi-même avons acheté cette maison il y a trente ans.

— À qui ? s'enquit aussitôt Émile.

— Eh bien, à un certain monsieur Sajot.

— Sajot ! s'exclama Émile, mais c'était, enfin c'est le nom de mes cousins qui habitaient vers Paris. Forcément, après ma disparition, la maison a dû leur revenir.

Le policier au visage anguleux mit alors sa main sur l'épaule d'Émile.

— Bon, ça va comme ça, fit-il. Vous allez venir avec nous au poste !

Émile tenta de s'expliquer :

— Mais, mais, je suis monsieur Rivet, Émile Rivet ! s'écria-t-il.

— Rivet ? fit la femme, ah, ça me dit vaguement quelque chose ce nom... mais quoi, exactement ?

— Ne vous cassez pas la tête avec ça, madame, fit le policier au visage anguleux, monsieur va nous suivre au poste.

Désespéré, Émile s'apprêtait à obtempérer docilement, quand il entendit crier :

— Monsieur Rivet, mais c'est pas possible, c'est monsieur Rivet !

Tout le monde sursauta, et Émile vit dans la cour de la maison de droite, séparée de la sienne par un simple grillage, un vieillard d'au moins 80 ans qui se tapait le front d'incrédulité.

— Vous connaissez ce monsieur ? demanda le policier au visage anguleux.

— Mais oui, fit le vieillard. C'est monsieur Rivet. Mais... mais, monsieur Rivet, tout le monde a cru que les Allemands vous avaient fusillé en 1943. Il y a même votre nom sur le monument aux morts : "Émile Rivet, mort pour la France, fusillé par les Allemands le 8 juillet 1943". Ça a fait tout juste soixante ans hier. Mais comment êtes-vous vivant ? Et en plus avec la même tête qu'en 1943 ! Je vous ai tout de suite reconnu. Vous paraissez toujours avoir 44 ans, alors que vous en avez...

— 104, fit Émile, non sans émotion. Et au fait, si je peux me permettre, monsieur, vous êtes...

— Gilbert Vilbert, le fils de Joseph Vilbert avec qui vous étiez très ami. J'avais 22 ans en 1943. J'ai hérité de la maison de mes parents après la mort de ma mère il y a 15 ans ; mon père, lui, est mort en 1977.

— Ah oui, fit Émile en regardant le vieillard de 82 ans, voûté, perclus de rhumatisme qui lui parlait, et en essayant de se remémorer le jeune homme de 22 ans qu'il avait très bien connu en... 1943.

Les deux policiers paraissaient totalement déphasés, compte tenu des événements. Mais le grand au visage anguleux reprit assez vite en main la situation en déclarant au vieillard :

— Bon, monsieur, je crois que vous allez devoir nous accompagner également au poste.

Puis, revenant à la femme brune qui paraissait égarée, il dit :

— Vous aussi, madame, vous allez venir avec nous, pour... une simple vérification.

— Mais attendez donc que je me prépare, fit la femme brune.

Le policier secoua la tête.

— Non, madame, vu la gravité de la situation, vous pouvez venir en robe de chambre.

Comme la femme tentait de protester, le petit gros vint au secours de son collègue en déclarant :

— Oui, madame, la situation est plus que grave, elle est extrêmement grave ; alors, il vous faut venir immédiatement, si besoin en robe de chambre.

 

***

L'interrogatoire d'Émile, de son voisin et de la propriétaire de ce qui avait été sa maison, dura toute la matinée. Pour cela, se relayèrent tour à tour, un commissaire, deux lieutenants de police, et trois agents.

Et dès l'après-midi, il y eut une réunion dans le bureau du commissaire qui était entouré des deux lieutenants ayant participé à l'interrogatoire, avec le maire de Belvédunes à propos de l'incroyable affaire qui concernait sa commune.

— Eh bien, il ne manquait plus que cela, soupira le maire, un sexagénaire de forte corpulence, d'habitude très jovial, mais qui pour l'heure était plutôt taciturne. Quand je pense qu'il a son nom sur le monument aux morts ! Comment faire maintenant ?

— Ce n'est peut-être pas là le plus important, hasarda le commissaire, un homme frisant la cinquantaine, aux cheveux gominés et aux sourcils broussailleux. Le fait qu'il nous arrive d'un coup de 1943 après être monté dans une fusée allemande, c'est quand même quelque chose de beaucoup plus embarrassant.

Le maire haussa doucement les épaules.

— Que voulez-vous que je vous dise ? fit-il comme anéanti par mille malheurs. Il y a bien des archives à la mairie faisant état de travaux mystérieux qui auraient été entrepris par les Allemands dans ce qui était à l'époque l'usine des Dunes. Il y a bien également le témoignage de quelques personnes qui auraient justement vu le 8 juillet 1943 aux alentours de 10 h du matin, un drôle d'engin s'élever vers le ciel du côté de "Terminus". Mais à ce propos, on avait toujours pensé qu'il s'agissait de l'expérimentation d'une V1 ou même d'une V2, ces terribles engins qui ont causé bien des dégâts en Angleterre dès l'année suivante.

Le commissaire s'agaça.

— Bon, concrètement, fit-il d'une voix excédée, que comptez-vous faire ?

Le maire haussa de nouveau ses épaules.

— Je pense, souffla-t-il, qu'il faut s'en remettre à la voie hiérarchique. Prévenir le sous-préfet, qui préviendra le préfet, qui préviendra...

— Qui préviendra le ministre, coupa le commissaire, qui préviendra le Premier ministre, et ainsi de suite...

— Que voulez-vous faire d'autre ? dit le maire en haussant pour la troisième fois ses épaules.

Le commissaire acquiesça, ainsi que ses deux lieutenant .

 

***

Émile passa cette nuit-là au commissariat. Il avait pu prendre un repas en découvrant que la cuisine des années 2000 était en tout point semblable à celle des années 40, le rationnement en moins. À ce propos, on lui apprit que la Seconde Guerre mondiale s'était terminée en 1945, qu'il y avait eu un débarquement en Normandie et non pas dans le Nord-Pas-de-Calais en juin 1944, et que suite à cela, Belvédunes avait été libérée le 3 octobre de la même année.

On avait logé Émile le mieux qu'on l'avait pu, et au petit matin, on lui dit que l'on allait le conduire à Paris. Une automobile arriva en effet dans le milieu de la matinée, avec à son bord, deux individus qui ne lui adressèrent pratiquement pas la parole de tout le voyage. Une fois à Paris, on le conduisit d'abord dans un grand bâtiment où plusieurs personnes l'interrogèrent pendant une bonne heure, et ensuite à un hôpital où, comme en 1943, on pratiqua sur lui un tas d'examens.

 

Trois jours plus tard, dans un lieu secret de la capitale, se déroula une réunion qui fit se rassembler un général d'armée de terre, un général d'aviation, un amiral, un agent des services secrets, et un mystérieux individu, petit, au crâne dégarni, et à la fine moustache rousse.

Tous ces personnages étaient réunis autour d'une table rectangulaire dans une pièce austère, assez sombre, car d'épais rideaux avaient été tirés devant chaque fenêtre.

(la suite samedi prochain)