26/12/2016
Les sœurs Papin
J'ai revisionné le film "Les blessures assassines", traitant de l'affaire des sœurs Papin, reconnues coupables du meurtre de leur patronne et de sa fille, dans les années 30 dans la Sarthe.
J'ai découvert cette affaire, par hasard, dans les années 80, dans une librairie toulousaine. Un ouvrage tiré d'un rayon, qui offrait une version de l'affaire vue à travers les théories lacaniennes. Plus tard, au cinéma, j'ai vu avec intérêt le film de Chabrol "La cérémonie", tiré de "L'analphabète", le roman de l'auteure de polars anglaise Ruth Rendell. Ces deux œuvres s'inspirent également de l'épopée funeste des deux bonnes, alias Christine et Léa Papin.
À propos de son film, Chabrol estimait qu'il avait produit "le dernier film marxiste".
À l'époque j'avais pleinement adhéré à cette vision de l'affaire, n'ayant pas été convaincu par la thèse purement psychanalytique.
Avec le recul, je serais plus nuancé. Je reconnais en effet la complexité psychologique des deux intéressées et la part que cette complexité a joué dans leur passage à l'acte. Toutefois, je reste campé dans une explication de pure révolte sociale, une sorte de révolte des esclaves inéluctable. Imaginons, la vie de deux sœurs assignées à résidence pour gagner leur vie, dans une maison bourgeoise des années trente... On se situe avant 36, pas de congés payés, pas de 40 heures... on travaille jusqu'à l'heure du coucher. Peut-être une journée le repos le dimanche, et encore, lorsqu'on n'a pas besoin de ses bonnes pour les emmener travailler à la campagne. Le confinement, les humiliations, la suffisance d'une bourgeoisie de province profonde. Les frustrations, l'amertume s'accumulent, et le couvercle finit par sauter... L'affaire des sœurs Papin, ni plus ni moins que la trame d'un polar à caractère social.
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