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05/02/2020

Actuel

Hier après-midi, profitant de temps libre, je me rends à la médiathèque de ma ville. J'avais amené de quoi lire, à savoir un bon vieux William Irish que j'avais glissé dans ma poche. Je m'installe dans un confortable fauteuil mis à disposition dans l'espace lecture de magazines et journaux et je me plonge dans le roman. Un peu plus tard, je relève la tête, et j'aperçois sur ma droite, calées sur un canapé, trois lycéennes qui n'avaient aucun livre, aucun journal, aucune revue, mais qui tenaient précieusement dans leur main droite, l'éternel et incontournable smartphone, tel un appendice qu'on leur aurait greffé à la main, ou qui, durant la période prénatale, se serait développé en même temps que leur fœtus. De temps en temps, l'une d'elles montrait aux autres ce qui se passait (sans doute d'une extrême importance) sur son écran, le tout dans le silence total, en ponctuant simplement son action de sourires complices et entendus. Je me lève au bout d'un moment, je déambule dans la médiathèque et je découvre des tables avec d'autres jeunes s'adonnant aux mêmes activités que les lycéennes. Là encore, exit les livres, seul compte le smartphone. 

En voyant cela, on comprend mieux les attitudes de plus en plus majoritaires dans les salons du livre, surtout ceux qualifiés de généralistes, où l'on observe des gens qui déambulent dans les allées sans même jeter un coup d'œil aux nombreux livres qui sont exposés. À noter que beaucoup d'entre eux tiennent bien entendu leur smartphone à la main, quand ils ne s'adonnent pas carrément à de longues conversations téléphoniques, bien éloignées de l'univers du salon du livre  pour lequel ils sont censés être venus.

On a connu dans les temps les plus sombres de l'Histoire, ce que l'on a appelé des autodafés où l'on brûlait des livres. Plus besoin de cela de nos jours, le smartphone s'en charge, sans feu ni fumée.

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