18/10/2008
La gare temporaire (3ème épisode)
Épisodes précédents dans la rubrique "Feuilletons", (colonne de gauche)
***
A 21 heures passées, Albane Decool commença réellement à s'inquiéter. Elle était assise dans le salon coquettement décoré par ses soins, de la maison que Marc et elle devaient rembourser pendant encore 15 longues années, et ne savait que penser. Ayant eu comme une intuition, elle ne s'était pas changée comme elle l'avait d'abord envisagé pour accueillir Marc, et était restée en pull et jean.
N'y tenant plus, elle se leva, attrapa son portable traînant sur un meuble, et appela sa mère, qui vivait seule dans une maison située à l'autre extrémité d'Hazebrouck. Avec un débit rapide, saccadé, elle lui expliqua qu'elle avait préparé un délicieux potche vleesch à Marc qui devait être de retour aux alentours de 19 h 40, mais n'était toujours pas là. Elle confirma qu'elle avait bien sûr téléphoné à l'agence du Crédit Commercial des Flandres à Dunkerque, et qu'après quatre sonneries, son appel avait basculé automatiquement sur un répondeur qui lui avait indiqué les jours et les heures d'ouverture de la banque. Marc n'était manifestement plus sur place.
La mère d'Albane lui annonça qu'elle arrivait, et l'épouse infortunée reprit son attente sur le canapé du salon.
Elle patienta en compagnie de sa mère jusqu'à 22 h, moment où les deux femmes décidèrent de se rendre à la police. Elles firent un détour par la gare SNCF ; mais cette démarche s'avéra inutile puisque celle-ci était fermée.
Ce fut un agent de police fatigué qui prit la déposition d'Albane quant à l'éventuelle disparition de son mari, tandis qu'un autre qui se tenait debout, à proximité, ne se départait pas d'un sourire entendu. Mais ni Albane, ni sa mère ne s'en aperçurent. Les deux femmes retournèrent au lotissement, et à l'approche de sa maison, Albane écarquilla les yeux comme si cela allait contribuer à faire apparaître la voiture de Marc, garée devant. Mais il n'en fut rien, et les deux femmes restèrent à se morfondre dans le salon, dans l'espoir d'un coup de téléphone, ou mieux de l'arrivée de Marc, jusqu'à 1 h du matin. La mère d'Albane sortit alors un tube de somnifères qu'elle gardait toujours en réserve dans son sac à main, et força sa fille à avaler un comprimé. Malgré cela, Albane ne s'endormit pas avant 3 h passées, toute habillée dans le canapé, sa mère ayant pour sa part pris place dans un fauteuil.
Ce fut un coup de sonnette strident qui tira Albane de son sommeil artificiel, alors qu'il était déjà 9h du matin. Elle se leva du canapé avec peine, se sentant toute courbaturée, et ayant la bouche horriblement pâteuse.
Elle venait juste d'atteindre la porte d'entrée lorsqu'un deuxième coup de sonnette retentit. Elle ouvrit la porte, et malgré son état semi-comateux, ressentit un choc violent quand elle vit deux policiers en tenue postés devant elle.
Le plus jeune des deux, un grand gaillard au visage maigre, demanda d'un ton qu'il s'efforçait manifestement d'affermir :
— Vous êtes bien madame Decool ?
Albane acquiesça avec mollesse.
—Vous êtes venue signaler la disparition de votre mari hier soir ? poursuivit le policier.
— Oui, fit Albane.
Le policier hésita un peu, puis déclara :
— J'ai une mauvaise nouvelle pour vous, madame Decool. Votre mari est décédé. Il est tombé du TER qui assure la ligne Dunkerque-Arras. Il est tombé, alors que le train roulait à vive allure entre Esquelbecq et Arnèque.
La suite samedi prochain
06:00 Publié dans Feuilletons | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook
Commentaires
[hurlement dans le salon g@rpien]
Déjà ?
Bon, d'un autre côté, je ne vois pas comment faire plus long sans casser l'effet recherché : faire grimper la tension d'un cran. Si ce mini-chapitre s'était inséré dans un épisode plus long, le coup de théâtre aurait été un peu, disons, escamoté.
A samedi prochain !
(virus presque éliminé - ne restent que quelques quintes de toux)
Écrit par : g@rp | 18/10/2008
Le prochain épisode sera beaucoup plus long et l'on avancera dans l'intrigue. On verra arriver également un nouveau personnage. Normal, puisque le précédent est tombé du train. Le suivant fera-t-il mieux ? À voir !
Écrit par : Patrick S. VAST | 18/10/2008
Merci pour le commentaire. Je ne puis que vous recommnder la lecture de mon polar "La veuve de Béthune".
Écrit par : Patrick S. VAST | 25/06/2010
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