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02/05/2009

Les 64 Glorieuses

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’actualité évite la page blanche aux auteurs de SF. Ainsi venais-je d’apprendre qu’un Espagnol avait mis en vente un de ses reins sur Internet pour éponger ses dettes, que je me suis imaginé l’époque où un huissier viendrait saisir un organe comme aujourd’hui une voiture ou un meuble. Et cela a donné la nouvelle, « Surendettement », à lire dans la rubrique « mes nouvelles en ligne ».

Autre chose maintenant. Je suis en train d’écrire en ce moment un roman uchronique. L’uchronie, c’est l’Histoire alternative, l’Histoire avec des « Si » : si Hitler avait gagné la guerre, si Vercingétorix avait vaincu César, si Louis XVI n’avait pas été guillotiné…

Or justement, depuis septembre dernier, nous sommes plongés en pleine uchronie.

On nous parle de crise économique sans précédent, de crise d’une ampleur jamais atteinte… éliminant ainsi d’un trait de plume, l’énorme crise mondiale qui a frappé la France en 1974 ; cette crise mondiale ayant succédé au choc pétrolier de 1973, et ayant d’ailleurs été suivie de celui de 1979 qui l’a encore amplifiée. On nie totalement la montée du chômage apparue en octobre 1974, le premier million de chômeurs atteint à l’été 1977, puis les deux millions au début des années 80, et les trois millions dans les années 90. On nie la destruction du tissu industriel de la région Nord dès la seconde moitié des années 70, l’écroulement de la sidérurgie en Lorraine dans les années 80. On nie ou l’on oublie la paupérisation de la population et la création du RMI en 1988. On occulte également le phénomène des SDF apparu vers 1984... On semble avoir complètement mis de côté tout cela, pour décider qu’une crise financière est apparue en septembre 2008, et qu’avant c’était censé être la prospérité, comme ça l’était vraiment avant l’automne 1974.

C’est bien un véritable roman uchronique que l’on nous écrit là, et dont l’histoire serait la suivante :

En 1973, il n’y a pas eu de choc pétrolier, et en 1974 en France, la prospérité comme le plein emploi continue. On ignore le chômage, on peut changer d’emploi plusieurs fois par an tant les places abondent. Les salariés gagnent bien leur vie et se font construire des villas à tour de bras. RMI comme SDF sont des sigles complètement inconnus, tout le monde ayant de l’argent et des logements.

Puis, nous arrivons à l’automne 2008, et là, rupture, tout change, et nous assistons à la fin des 64 Glorieuses, et non pas des 30 Glorieuses, comme a qualifié l’économiste Jean Fourastié, la période de « réelle » prospérité entre 1944 et la fameuse année 1974 dont j’ai déjà parlé, mais que beaucoup semblent  avoir laissé choir dans les oubliettes.

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