25/11/2019
Du passé ne faisons pas table rase
"Le vent se lève"
Lucienne Cluytens et Chantal Lebecq
ISBN : 978-24-91114-05-3
Gilles Guillon éditions
BP 11287
59014 LILLE CEDEX
gilles.guillon4@orange.fr
480 pages
17 €
En son temps, Thierry Jonquet produisit un polar intitulé « Du passé faisons table rase ». Ce n’était pas sans malice que, pour étriller un secrétaire général de PCF fictif, il ait choisi d’emprunter pour son titre, une ligne célèbre de « L’Internationale », chant révolutionnaire s’il en est bien un, basé sur un poème d’Eugène Pottier.
Chez moi point de malice mais au contraire du premier degré pour parler du récit « Le vent se lève », bien que dans cet ouvrage on fît fortement référence à l’internationalisme et aux divers mouvements de tendances révolutionnaires qui ont marqué la décennie soixante-dix du vingtième siècle. En effet, à son époque, Eugène Pottier évoquait un passé qu’il fallait réformer, voire annihiler pour construire un présent radieux qui aboutirait à un avenir qui ne le serait que plus. Alors que moi je pense qu’il faut au contraire préserver les années soixante-dix et leurs apports pour venir en aide à notre époque tellement aléatoire.
Mais avant tout, parlons des responsables de la levée de ce vent sans aucun doute bienfaiteur.
Lucienne Cluytens, autrice de polars de bonne facture, divers et variés, qui a traversé la décennie 70 aux avant-postes de bien des mouvements qui l’ont marquée.
Chantal Lebecq, flûtiste du groupe de folk progressif « La Cour des Miracles ». Un formation basée à Lille depuis presque toujours qui, à partir du folk ancestral, a su, avec différents complices, offrir une musique ouverte à moult influences, jazz, pop, avec des résurgences de l’épopée du British Sound et notamment d’un certain Ian Anderson, pilier du Jethro Tull, qui jouait et chantait sur un pied le célébrissime « A Song for Jeffrey » dès l’année 1969.
La ville de Lille et ses environs occupent une place importante dans le récit, mais il ne s’agit en rien d’un ouvrage régionaliste voire localiste, car les thèmes abordés, en ces années fécondes, ont largement franchi les frontières d’une cité située stratégiquement non loin de Londres et de son effervescence musicale, mais aussi d’Amsterdam avec ses Provos sur sa grande place et, en poussant plus loin, de Bremen, en Allemagne, avec ses communautés.
Les années 70 à Lille, ce fut le féminisme, l’antimilitarisme, l’écologie…
« Les amis de la terre », pionniers de l’écologisme dans la rue de Gand, mais aussi dans le même local, le mouvement contre la conscription, la lutte des femmes…
Deux villes japonaises détruites par la bombe atomique avaient alerté sur les dangers de l’atome. Puis tout était retombé. Certaines personnes n’en restèrent pas là et se dressèrent contre les projets de centrales : Fessenheim devenue depuis une vieille ruine incertaine ; Gravelines non loin de Lille, à ce qu’il paraît, la plus grande centrale d’Europe ; Super Phénix, contre la réalisation duquel Vital Michalon est mort au cours de l’été 1977, s’est avéré être un fiasco, et l’on ne peut oublier les catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima.
Les jeunes des années 70 étaient-ils des hurluberlus ou des rêveurs ?
Après deux guerres mondiales et la guerre d’Algérie qui avait vu des appelés être enrôlés pour partir de l’autre côté de la Méditerranée, l’armée et son fer de lance, le service militaire, n’avaient pas bonne presse chez les jeunes garçons des années 70. Fini le prestige de l’uniforme et le patriotisme à tout crin. D’autant que les intéressés n’étaient pas sans savoir que de jeunes Américains se réfugiaient au Canada pour ne pas finir déchiquetés dans les rizières du Vietnam, tout comme des jeunes Portugais d’avant la révolution des œillets, accouraient eux en France pour ne pas subir le même sort en Angola où la dictature héritée de l’ère Salazar, s’entêtait à y sacrifier une partie de sa jeunesse.
Alors beaucoup étaient objecteurs de conscience, insoumis et, dans le « meilleur » des cas, réformés P4.
Le combat des femmes avait tourné autour du droit à l’avortement qui avait trouvé un aboutissement législatif avec la loi Veil en 1974, et très tôt était apparu un sigle : MLF, pour Mouvement de Libération de la Femme.
Il serait long dans cette chronique de passer tout en revue, d’autant que « Le vent se lève » s’en charge parfaitement bien.
Notons encore pour asseoir l’aspect national, voire international des thèmes traités, la présence dans l’ouvrage de célébrités : René Dumont, premier candidat écologiste lors de la présidentielle de 1974, José Bové et la lutte des paysans du Larzac contre l’extension d’un camp militaire, Gisèle Halimi et bien d’autres.
Et la musique dans tout cela ? Elle est forcément omniprésente. D’abord avec la formation du groupe La Cour des Miracles : des jeunes voulant vivre à fond leur passion, vivant en communauté, ouverts sur le monde autant que sur leurs instruments. Un groupe de folk ai-je dit, mais attentif à d’autres créateurs de l’époque.
J’ai vécu tous ces événements à Lille, j’ai habité presque à côté du local des Amis de la terre rue de Gand, j’ai vu et écouté La Cour des Miracles en divers endroits, j’ai occupé une pièce sous les toits dans le Vieux-Lille qui fut rénové par la suite, mais hélas, en même temps que ses habitants.
Quelques petites années seulement après les événements riches et nombreux évoqués dans « Le vent se lève », j’étais établi à Toulouse où j’ai pu constater que là aussi, l’effervescence avait été grande et le demeurait. Les Punks avaient certes surgi, la Valstar avait quelque peu supplanté les tabacs aux senteurs sucrées, mais l’héritage de la décennie 70 demeurait.
C’est pour tout cela qu’il faut lire et faire lire « Le vent se lève ». Car le vent du Nord s’est sans aucun doute levé, mais le Mistral, la Tramontane ou encore le vent d’Autan, se sont levés tout autant quand a surgi une révolution, celle d’une jeunesse en quête de changements importants.
Plus de quarante après, tout ce qui est cité dans « Le vent se lève », peut, d’un point de vue spatio-temporel, être considéré comme appartenant au passé, oui mais alors, un passé dont il ne faut effectivement pas faire table rase, car plus que jamais, nous en avons besoin.
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20/11/2019
Deux crèmes sinon rien...
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16/11/2019
L'ouvreuse du Studio 21
M'étant remis à la composition de chansons depuis le mois de mai, je compte à mon actif désormais, "L'ouvreuse du Studio 21". Le Studio 21, un cinéma de quartier comme il se doit, comme celui de "La dernière séance", l'émission présentée durant plusieurs années par Eddy Mitchell. Un cinéma avec son court métrage, ses réclames, son grand film et... son ouvreuse ou placeuse, qui officiait avec sa patite lampe électrique pour placer les retardataires et qui, à l'entracte, vendait des confiseries dans son panier d'osier.
Cette photo illustre bien ma chanson que je ne manquerai pas de mettre en ligne d'ici peu.
Le temps des cinémas de quartiers, le temps d'une société humaine.
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03/11/2019
De la crème au dessert
Oui, mais de la crème du crime !
Petit récapitulatif audio ci-dessous :
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01/11/2019
Crème du crime de novembre
Désormais La crème du crime c'est tous les 2 mois avec 2 auteur(e)s au programe.
Ce mercredi 6 novembre dès 9 h, je parlerai de deux grandes Dames du suspense, Mrs Patricia Highsmith et Mme Catherine Arley.
C'est toujours dans le cadre de l'émisission La vie des livres sur Radio plus Douvrin.
Émission et podcast à suivre sur le site de l'émission, et ensuite La crème du crime sera sur you tube et mes différents supports (blog, facbook…)
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04/10/2019
À propos de Jean-François Coatmeur.
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