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05/08/2008

Planète musicale

Retrouvons une note du 14 décembre 2007 avec la nouvelle « Planète Song », un texte alliant SF et musique, deux de mes pôles d’intérêt, que je vous invite à découvrir ou à redécouvrir en cliquant ici.





29/07/2008

Lifting

Jane B. Hallowed avait été une star d’Hollywood dans la seconde moitié du XXIème siècle.
Arrivée à 90 ans en 2212, elle souffrait de terribles pertes de mémoire. Disons même qu’elle ne se souvenait pratiquement plus de rien : de sa prestigieuse carrière, comme de sa légendaire beauté. Cela la déprimait terriblement, et croyant bien faire, un membre de son entourage lui proposa d’entreprendre un lifting de la mémoire. Il s’agissait d’une technique toute récente qui consistait à se faire tirer les membranes du cerveau, et vitaminer les neurones au moyen de collagène.
L’ancienne star entra en clinique un beau matin, pleine d’espoir et d’optimisme. L’intervention dura deux heures, et se prolongea par deux jours complets de réadaptation mentale.
Au-delà de cette période, Jane B. Hallowed recouvra ses esprits et surtout la mémoire.
Alors, elle se souvint de sa carrière, des jeunes premiers avec qui elle avait tourné, de ses rôles qui avaient marqué des générations de cinéphiles.
Mais plus les souvenirs affluaient, plus la tristesse la submergeait. La nostalgie l’étreignait et elle en vint à regretter le temps où tout son passé ressemblait à du sable fin que le vent emportait.
Et lorsque l’on eut la fâcheuse idée d’approcher son fauteuil roulant d’une immense psyché, sa mémoire liftée fit se superposer à l’image de la vieille femme ridée, tremblante et bavante qu’était devenue Jane B. Hallowed, celle de la jeune star à la chevelure flamboyante, au sourire incendiaire et aux yeux de braises qu’elle avait été il y a très longtemps.
Alors elle resta prostrée, comme murée dans une auto-amnésie salvatrice.

Patrick S. VAST - Juillet 2008

15/07/2008

Une histoire de lapin

Après le loup, le lapin, deux gabarits différents. L’idée de cette nouvelle datant de l’année dernière, m’est venue en découvrant dans le TER une jeune femme qui caressait un gros lapin marron. Hommage à Lewis Carroll, au Jefferson Airplane, même si leurs lapins étaient blancs, ce texte est je pense à découvrir ou à redécouvrir en retrouvant une note de juillet 2007 en cliquant ici même.



08/07/2008

Une histoire de loup

La lycanthropie est un thème cher au fantastique. J’ai commis deux textes dans cette discipline : « Peace brother » et surtout « L’employée ». C’est une nouvelle qui me tient assez à cœur, par son côté rétro, administration poussiéreuse, et également justice immanente.
Je vous propose de la découvrir ou de la redécouvrir par une note du 12 mars 2007, en cliquant ici même.





24/06/2008

1961, des extraterrestres

Voici des faits qu’il m’est encore bien difficile de raconter aujourd’hui ; mais bon, il faut bien que je me décide, puisqu’ils remontent quand même à presque 50 ans.
Nous étions très exactement en 1961. J’habitais alors dans un petit village, et un matin, tous ceux qui possédaient un jardin, (et ils étaient nombreux), constatèrent que les feuilles de leurs salades ou autres, étaient parsemées de mystérieux petits points noirs. Les plus érudits en botanique avancèrent quelques hypothèses, mais sans plus. Alors, quand un phénomène ne trouve pas d’explication plausible, il laisse très souvent place à la rumeur. Et ce fut le cas dans l’affaire qui nous intéresse. Comme nous étions encore en pleine période de guerre froide, que pour beaucoup il était certain qu’il fallait s’attendre à être attaqué par les Soviétiques que presque tous le monde appelait les Russes, on commença à raconter que durant la nuit, un avion « ennemi » , un Mig 21 avancèrent même ceux qui se considéraient comme les plus informés, avait balancé une substance chimique sur le village. Les villageois s’étaient alors inquiétés, mais sans céder à la paranoïa, loin s’en faut.
J’avais à l’époque dix ans, et avec deux copains, j’avais l’habitude d’aller jouer dans une vaste prairie, de courir parmi ses hautes herbes. Et c’est-ce qui se passa le jeudi qui suivit dans la matinée. Nous étions au printemps, et il faisait un grand soleil qui ne pouvait que nous mettre de bonne humeur. Plus que jamais, mes copains et moi nous courrions, nous nous roulions dans l’herbe, quand soudain, tandis que nous nous trouvions à peu près au milieu de la prairie, nous découvrîmes une grosse boule de métal que les hautes herbes cachaient en grande partie. Mais surtout, ce qui nous stupéfia, ce furent les deux créatures qui étaient postées devant. Elles possédaient un petit corps grisâtre muni de quatre pattes d’araignée, et surmonté d’une tête de pieuvre. Chose à la fois horrible et impressionnante, cette tête n’était munie que d’un seul œil paraissant démesuré, et manifestement glauque, qui nous fixait intensément.
Alors, par chance, nous parvînmes à nous extraire de la torpeur qui avait commencé à s’emparer de nous, et tournant les talons, nous partîmes en courant à toutes jambes.
Mais nous n’en avions pas encore fini avec ce qui s’avérait être des extraterrestres, car un incroyable sifflement nous stoppa dans notre course.
Nous nous retournâmes aussitôt, et vîmes la boule de métal s’élever dans les airs. Puis, elle commença à devenir transparente, pour très vite être totalement invisible, comme si elle s’était dissoute dans l’atmosphère.
Mes copains et moi nous rentrâmes ensuite chez nous, et jamais par la suite, nous ne parvînmes à évoquer notre étrange aventure.

Patrick S. VAST - Juin 2008



17/06/2008

Les mains d'Hendrix

Charly était malheureux ; il aurait voulu être un guitariste mondialement reconnu, mais son groupe The Hellraisers, (les bringueurs), ne jouait que dans des petites salles pour des cachetons minables.
Alors Charly ne cessait de penser que s’il avait la virtuosité de Jimi Hendrix, les choses changeraient forcément. Il pourrait même faire une carrière solo, et n’aurait plus besoin des Hellraisers.
Or, un jour qu’il se promenait dans une rue de Cincinnati, il fut abordé par un grand bonhomme en costume trois pièces et coiffé d’un melon.
Le type se planta devant lui et dit :
— Oh, mon gars, t’as vraiment pas l’air dans ton assiette !
— Pas vraiment, reconnut Charly.
— Et pourquoi ça ? s’enquit l’autre.
— Bah, parce que je voudrais pouvoir jouer de la guitare comme Hendrix, répondit presque machinalement Charly.
Les yeux de l’inconnu s’écarquillèrent, et il s’exclama :
— Pouvoir jouer de la guitare comme Hendrix ! Mais c’est tout à fait possible ça, mon gars !
Charly crut que l’autre se fichait ouvertement de sa figure ; mais ce dernier poursuivit :
— Je vais te conduire chez un type qui va te greffer les mains de Jimi Hendrix.
« Ça y est, j’ai rencontré un fou ! » pensa Charly.
Mais il suivit pourtant l’inconnu dans un dédale de rues, jusqu’à ce que tous deux arrivent à ce qui était manifestement une clinique.
— Voici la clinique du docteur Williams, annonça l’autre, le meilleur spécialiste de la greffe des mains.
Tout se passa alors très vite pour Charly. Il rencontra un homme grand et osseux au visage inquiétant, subit plusieurs examens médicaux, et après une nuit de sommeil, fut emmené à un bloc opératoire complètement à jeun.
Quand il se réveilla, il avait les deux mains bandées, et fut nourri à la cuiller par une infirmière pendant quinze jours. Au bout de ce laps de temps, le Dr Williams en personne vint lui enlever les bandes qui entouraient ses mains, et déclara :
— Voilà, mon vieux, avec ces mains-là, vous allez pouvoir jouer comme Jimi Hendrix, puisque ce sont les siennes.
Charly fut alors autorisé à sortir de la clinique, et quand il demanda combien il devait pour le tout, la secrétaire de la réception lui répondit que c’était gratuit. Charly qui ne voulait pas avoir de mauvaises surprises par la suite insista un peu, et on lui dit alors que dans cette affaire, c’était donnant-donnant. Lui, Charly, allait devenir le meilleur guitariste du monde, et en échange, le Dr Williams allait être le chirurgien le plus célèbre de la planète. Charly ne chercha pas à en savoir davantage et rentra chez lui.
Il prit aussitôt sa Fender Stratocaster, et à son grand désappointement ne parvint pas à en tirer le moindre solo cohérent. Alors, il se rappela soudain qu’Hendrix était gaucher, et s’empressa aussitôt d’inverser les cordes de sa guitare. Mais il n’obtint pas plus de résultat. Il avait même l’impression de n’avoir jamais su jouer de sa vie.
Il laissa sa Fender de côté, et resta assis sur son lit, l’air très abattu. Mais il eut d’un coup le regard attiré par le colt ayant appartenu à son grand-père, qui était posé sur une table en face de lui. Une envie lui traversa l’esprit. Non pas de se suicider, mais de remplir le barillet de l’arme et de sortir dans la rue avec.
Dix minutes plus tard, il remontait une longue avenue, et alors qu’il allait croiser une sorte de bureaucrate portant une mallette, il sortit le colt de sa poche et l’abattit froidement. Il continua son chemin comme si de rien n’était, et récidiva cent mètres plus loin, en envoyant cette fois ad patrem une brave mère de famille et son rejeton.
Bientôt tout le quartier fut en émoi, car Charly tuait tout ce qu’il trouvait sur son passage. Et il venait juste de tirer sa dernière balle, quand un policier le mit en joue.
Imperturbable, Charly pointa son arme sur lui, mais le policier tira aussitôt.
Charly s’écroula mortellement blessé, voyant ainsi s’envoler sa carrière de guitar hero.
L’affaire fit grand bruit, et le Dr Williams en fut tout retourné. Mais il comprit ce qui s’était passé quand il apprit que le jour de l’opération de Charly, était de service une nouvelle recrue que l’on avait remerciée le soir même pour manque d’attention dans son travail.
Le Dr Williams descendit dans la chambre froide où étaient entreposées les mains à greffer. Il passa en revue tous les bocaux. Sur chacun d’eux étaient collée une étiquette, et au fur et à mesure, il lut tout haut ce que l’on y avait inscrit : Rodin, Michel-Ange, Léonard de Vinci… Il arriva bientôt au bocal portant la mention « Jimi Hendrix ». Le bocal n’était pas vide, contrairement à celui juste à côté.
Alors, ce fut d’une voix étranglée que le Dr Williams prononça cette fois le nom de l’intéressé : Hannibal Lecter.